L’histoire ressemble à un triomphe pour François Hollande. Le parti socialiste qui disposait déjà de la quasi-totalité des régions, des départements et des grandes villes, contrôle désormais l’Assemblée nationale. Avec le Sénat, ce sont les deux piliers du pouvoir législatif qui viennent renforcer le pouvoir exécutif qu’il détient déjà. Ajoutons-y le soutien indéfectible de « l’élite » intellectuelle et de l’immense majorité des médias qui n’a pas ménagé sa peine pour favoriser cette situation inédite sous la Ve République et nous voilà vraiment dans « l’omnipotence » tant dénoncée lors du quinquennat précédent ! Que cette majorité absolue à l’Assemblée nationale ait été obtenue avec un taux de participation « historiquement bas », c’est-à-dire bâtie sur un socle électoral en réalité minoritaire, n’a pas tempéré l’admi- ration générale dont continue de bénéficier le gouver- nement Ayrault dans la France « d’en haut ». Mais ce défaut de représentation et de représentativité qui est le mal qui ronge la vie politique française depuis long- temps déjà, est, en soi, l’annonce des difficultés futures... La France réelle étant absente dans cette combinaison gouvernementale, elle s’en sentira fort peu solidaire. Cette simple « possibilité » d’un retournement de l’opi- nion devrait d’ailleurs conduire les uns et les autres à mesurer leurs commentaires triomphaux.
Tout « président normal » qu’il prétende être, Hollande ne devrait pas oublier qu’il est le plus exposé parce qu’il est en position de responsabilité effective et qu’il sera fatalement tenu pour responsable de tout. Après le temps des promesses et de la démagogie électoralistes, viendra le temps des réalités. Et la première des réalités, c’est que, si le gouvernement Ayrault applique le programme Hollande, il ne faudra pas six mois pour que la France se trouve « dans le mur ». Mais le souhaite-t-il vraiment ?
Adepte de l’ambiguïté permanente, qui est chez lui un mode de gouvernement, le nouveau locataire de l’élysée semble plutôt vouloir pratiquer une politique de demi- mesures qui ne satisfera personne (Smic, retraites...). Ni les marchés financiers dont la France a un besoin vital dans l’état calamiteux où elle se trouve avec des dépenses publiques incontrôlées, un taux de prélèvement parmi les plus élevés au monde et des déficits abyssaux ; ni, évidem- ment, les « partenaires sociaux », dont l’appétit a été aiguisé par les promesses démagogiques du P.S. lors des
élections présidentielles et législatives. Les syndicats, qui ont déjà prévenu qu’ils ne prendraient pas des vessies pour des lanternes, l’attendent au tournant. Et quid de Mélenchon et des « alliés » verts ?
De fait, alors qu’aucun président de la Ve République n’a eu autant de pouvoir sur le plan politique, la marge de manœuvre économique, financière et sociale du nouveau gouvernement n’a jamais été aussi mince. Pour sauver l’euro dont il n’envisage pas la possible fin, on voit mal comment le président français ne pour- rait pas se résoudre à une intégration économique sous tutelle allemande et renoncer ainsi à son rêve d’une politique de relance fondée sur la dépense publique. Et mettre en œuvre, sous des faux airs de « justice sociale », une politique d’austérité !
Pris en tenaille entre la fermeté allemande et son programme constitué de promesses d’une manne chaque jour renouvelée, Hollande va peu à peu apparaître pour ce qu’il est réellement : un homme de discours, sans envergure politique, sans appréhension de la réalité du monde, sans projet pour la France, sans légitimité profonde. Un politicien aux capacités limitées et pas le chef qu’il faudrait au pays dans les épreuves qu’il va traverser. La pathé- tique « affaire du tweet » de Valérie Trierweiler l’a démon- tré. L’homme ni son entourage ne sont et ne seront à la hauteur.
Faut-il désespérer ? L’histoire de France nous l’interdit. Le six-centième anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, que les autorités ne prennent plus la peine de fêter, permet à Politique magazine dans son numéro d’été de proposer une réf lexion sur le sens de sa mission qui fut essentiellement politique, ce qui n’est jamais souligné. Jeanne n’a pourtant cessé de répéter ce qu’elle était venu faire : restaurer l’autorité et la légitimité en sacrant le roi Charles VII à Reims. Au-delà de sa sain- teté – elle fut canonisée par Benoît XV en 1920 – et de son génie militaire, Jeanne, par son action, a ramené la paix et la prospérité civiles dans une France déchirée par mille factions. Une France qui, après le sacre, « retrou- vait avec sa monarchie, la condition de son indépen- dance et l’instrument de son salut », disait Bainville. C’est en cela que Jeanne d’Arc accomplit avant tout une mission politique de redressement national.
La refondatrice de la nation
Par CHRISTIAN TARENTE
La France s’est faite « de main d’homme », disait Bainville. Mais en cette ultime fin du Moyen Age, c’est de main de femme qu’elle fut libérée... Et de quelle femme ! Un destin quasi « christique » : dix-sept ans d’âge, deux ans de vie publique active puis captive, plus sage que les docteurs, plus avisée que les stratèges, plus lucide que les politiques... Impertinente et innocente devant Pierre Cauchon, son juge, cédant un instant
à l’humaine défaillance, ne se ressaisissant que pour mieux s’offrir, abandonnée de tous, au total renoncement et au martyre... Parmi les tragédies antiques, en est-il une pour atteindre à un tel sublime ? Iphigénie, Electre, Antigone elle- même, rendent les armes. N’obéissant qu’aux voix du Ciel, la Pucelle s’est livrée tout entière à son destin : la refondation
de la nation France.
A Domrémy, le village natal, la Meuse est là, toute proche. Sur l’autre rive, c’est la Lorraine, dominée par le duc de
Bourgogne, ce prince honni en deçà du f leuve pour avoir choisi l’alliance anglaise. Entre enfants des deux bords, les bagarres éclatent, et par deux fois des « écorcheurs », pillards bourguignons et anglais, vont razzier le village. C’est ainsi que Jeanne apprend et comprend ce qu’est une frontière. Son côté à elle, c’est la France.
En ce premier quart du xve siècle, la situation est dramatique. Depuis 1420, le traité de Troyes a imposé la domination anglaise sur tous les ter- ritoires occupés. Deux ans plus tard, quand Charles vII devient roi, ce n’est que d’un royaume amputé, par- cellaire et fragile. Pire, ce roi n’est pas un battant, c’est le moins qu’on en puisse dire. Tout le contraire de l’an-
glais Henri v, petit-fils par sa mère de Philippe le Bel, qui domine la situa- tion, et se voit déjà porter la double couronne anglaise et française.
La «nation France»
teLLe que La voyait jeanne C’est le moment où Jeanne entre en scène. Que pouvait bien signifier le mot France pour la jeune pay- sanne ? Comment les malheurs du temps ont-ils pu faire naître en son cœur une espérance, et qu’à cette espérance, elle donne un nom : la France ?
On s’accorde à constater que lorsque le chef franc Clovis, en 496, s’agenouilla devant l’évêque Rémi pour recevoir le baptême, il ne s’agissait pas d’un évènement uniquement religieux. Sur les ruines du vieil empire, c’est une société politique, une «cité», qui commençait à s’édifier. Il faudra
pourtant attendre encore cinq siècles avant qu’en 987, Hugues Capet soit élu roi par ses pairs, à charge pour lui de les protéger des désordres intérieurs et des menaces extérieures : une solida- rité était née. Nous savons aujour- d’hui qu’elle conduira à la constitu- tion progressive, autour de la dynastie capétienne, d’une com- munauté de destin.
Deux cents ans plus tard, vers la fin du xIIe siècle, la France subit une situation préludant à la future Guerre de Cent Ans : le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt faisait des Anglais les maîtres de l’Ouest de la France. Au début du siècle suivant, Philippe Auguste, par un extraordinaire mélange d’énergie et d’habileté, put reconquérir pas à pas les territoires perdus. Face à ses ennemis coalisés – l’empereur germanique Otton, les
Anglais de Jean sans Terre, les Flamands et les féodaux révoltés –, il remporta, en 1214, la décisive vic- toire de Bouvines. Une des clés du succès : l’envoi de milices mobi- lisées par plusieurs communes de France. Comme l’a montré Georges Duby, ce fut la première manifesta- tion explicite d’une solidarité « nationale » (nous en célébrerons, dans deux ans, le 700e anniver- saire). Cette victoire flamboyante frappa durablement les esprits. Jeanne d’Arc, deux siècles plus tard, a dû en être au moins indirecte- ment marquée. Nul doute que, quand, en février 1429, elle part pour Chinon, c’est avec une certaine idée de la France au cœur.
Aussitôt, c’est le triomphe – la libération d’Orléans, la victoire de Patay, Charles vII couronné à Reims... Cependant, Jeanne pres- sent qu’avec le sacre, sa mission est achevée. De fait, elle va désormais échouer dans pratiquement toutes ses entreprises : échec devant Paris, puis à La Charité-sur-Loire, enfin à Compiègne où les Bourguignons parviennent à se saisir d’elle pour la vendre aux Anglais, qui l’emprison- neront à Rouen jusqu’à son procès et sa mort le 30 mai 1431.
De La reconquête du territoire au
« management capétien » Jeanne n’est plus que cendres. Mais les flammes de la place du vieux Marché vont désormais hanter les consciences françaises. Un des objectifs majeurs de la Pucelle, la réconciliation des Français, est en marche. Dès le sacre de Reims, elle avait invité le duc de Bourgogne à rallier le giron français. C’est chose faite en 1435. Le « parti bourgui- gnon » est mort. Dans tous les terri- toires occupés, la reconquête peut commencer, même le « recouvre- ment de Normandie » est engagé.
Mais l’écharde la plus tarau- dante est Paris qui, il y a peu, faisait fête au roi anglais. Jeanne, en février 1431, l’avait annoncé : « Avant qu’il soit sept ans, les Anglais perdront plus grand gage qu’ils aient en France. » Prophétie
réalisée : en novembre 1437, Charles VII fera son entrée dans Paris... A vrai dire, l’évènement décisif a eu lieu dix-huit mois plus tôt. Attirées à la porte Saint-Denis par de judicieuses émeutes, les troupes anglaises tombent dans le piège : l’armée de Richemont attaque par surprise à la porte Saint-Jacques et entre dans Paris. Les Anglais, réfugiés dans la Bastille, ne peuvent que s’enfuir par la Seine. Paris brisée, Paris outragée, mais Paris libérée, le royaume a retrouvé sa capitale ! Cependant Charles vII se méfie des Parisiens. Il attend dix-huit mois pour faire son entrée et proclamer « l’abolition générale ». Sage déci- sion qui lui vaut un accueil triom- phal : ils ne sont que trop nom- breux ceux que soulage l’amnistie...
Dès lors, le roi peut enfin s’atteler à l’administration du pays. Dès 1439, il crée les compagnies d’ordonnance, première armée permanente en France : la « défense nationale » est née. L’administration, les finances (Jacques-Cœur), la justice (l’ordon- nance de Montils-lès-Tours qui codi- fie le droit coutumier), les relations avec l’église (la Pragmatique Sanction),... : dans tous les domaines, la France s’organise selon les règles du « management capétien ». Sans doute Charles vII garde-t-il cette inertie, cette apathie, cette noncha- lance dont eut à souffrir Jeanne d’Arc, mais il sait faire appel à des hommes habiles à contourner cette faiblesse de caractère.
Et, le soir venu, ne songe-t-il pas à cette petite paysanne des marches de l’Est qui a su forcer le destin pour faire reconnaître à tous son titre de roi ? Qui, passant tel un météore, est parvenue en quelques semaines à bouleverser le sort de tout un peuple ? Y a-t-il vu une intervention divine en faveur de la France ? Tant il est indiscutable que l’intervention de Jeanne d’Arc paraît dépasser les forces humaines... Nous le savons aujourd’hui : elle a marqué notre histoire d’une empreinte indélébile, et à cette nation française en perpé- tuelle recherche de son devenir, à jamais elle a donné une âme.
La parole à... Jean SEVILLIA
Les deux leçons de Jeanne
Avue humaine, en 2012, tout est perdu. Crise économique, crise poli- tique, crise sociale et crise morale déploient leurs effets mortifères dans un pays divisé de croyances, à l’identité indé- finie et dépossédé de la maîtrise de son destin. Comment s’en sortir ? Aucune issue ne se dégage dans le brouillard, et la ten- tation, dans ce cas, est de se replier sur son petit chez-soi, bien au chaud, afin de ne pas voir le problème.
Mais en 1412, tout était perdu déjà. Le contexte, nous rappellent les historiens, était effroyable. Le XVe siècle était le siècle des épidémies qui décimaient la popula- tion. Période de bouleversements écono- miques et monétaires. Période, en France, de guerre civile intriquée dans la guerre étrangère. Français, Anglais, Armagnacs, Bourguignons : qui suivre, qui croire ? Se tourner vers l’église ? Mais l’église elle- même était déchirée par le Grand Schisme, deux papes se disputant la suc- cession de saint Pierre. Tout semblait perdu, donc, et beaucoup tenaient l’Apocalypse
pour imminente. En 1429, par une circonstance providentielle, le dernier pape d’Avignon, illégi- time, abandon- nait ses préten- tions. L’année même où Jeanne, partie de Vaucouleurs, entamait la che- vauchée victo-
rieuse qui la mènerait à Orléans et Reims. Reims où, Charles VII sacré roi, la France retrouverait sa trajectoire et où tout s’é- claircirait.
La leçon est double. Même dans les époques les plus noires, rien n’est jamais perdu. Mais Jeanne a accompli sa mission parce qu’elle était sainte. Et nous, en 2012, sommes-nous des saints ?
Un chef-d’œuvre d’intelligence politique
Si la vie de Jeanne d’Arc est d'abord une leçon de foi et de fidé- lité, on ne peut manquer de souligner aussi la haute leçon politique qu'elle a donnée à la France : la nécessaire priorité du politique conduit, tout aussi nécessairement, à poser la question de la légi- timité du pouvoir. C'est la clé de la paix et de la prospérité civiles.
PAR BRUNO DE CHERGE
L e sacre et le couronnement du roi sont une part essen- tielle de la mission de restauration menée par Jeanne. « Le sacre de Reims a été sa grande idée », disait Bainville. Dès sa première entrevue avec Charles VII, elle lui annonce que le sacre se fera. Après la libération d'Orléans et les autres victoires sur la Loire, elle s'oppose à ceux qui ne rêvaient plus que de chevauchées pour reprendre Paris et libérer la Normandie. Pour elle, il n'y a qu'une nécessité première : c'est que le jeune roi, encore faible et contesté, reçoive l'onction de Reims.
Alors que, depuis la mort de son père Charles VI, en 1422, Charles VII est juridiquement – constitutionnelle- ment si l'on veut – le roi, Jeanne veut qu'il accède à une légitimité supérieure : la relation au divin, au sacré. Pour la Pucelle, Dieu savait deux choses : qui serait capable d’être son lieutenant pour accomplir la mission royale et qui était le vrai héritier. La raison raisonnante du siècle des lumières n’est pas encore d’actualité dans le royaume...
LA LEGITIMITE CONTRE LE REGIME DES PARTIS
Elle-même ne se pose aucune question quant à la légi- timité du roi, fondée sur les « droits du sang ». Elle voit en Charles VII le « vrai héritier de France et f ils de Roi ». Voilà ce qui caractérise son œuvre politique : recon- naître, affirmer, annoncer et consacrer le roi légitime. Elle l’écrit aux Anglais : « Je suis venue de par Dieu récla- mer le sang royal et suis toute prête à faire paix, si vous voulez faire raison... »
La situation de Charles VII est alors peu brillante. En 1429, le « gentil Dauphin » est pratiquement privé de royaume. Son autorité se limite à la ville de Bourges, et il est entouré d’ennemis. Sans un sou – il avait donné ses derniers joyaux aux pauvres –, il ne peut même pas s'offrir des bottes neuves. Son nom même est tourné en dérision:onlenommele«roideBourges»oule«roi des fous et des sots »...
La France est livrée à ses vieux démons : entre Armagnacs et Bourguignons, les deux grands partis poli- tiques de l'époque, la guerre civile fait rage, au seul béné- fice des Anglais. Comme le dit le chancelier Gerson en 1418 dans sa « Déploration », les Français ne s’aiment pas.
Ce n'est pas qu'on puisse dénier à Charles VII sa fonction, il était déjà désigné du vivant de son père. Le sacre n’apparaît donc pas comme une obligation. Vaut- il le risque d’une expédition de plusieurs centaines de kilomètres, en territoire largement adverse, vers Reims et sa Sainte Ampoule ? Contre ceux qui veulent mar- cher sur Paris et libérer la Normandie, contre ceux qui objectent l’étendue des pays hostiles à traverser et la puissance du parti bourguignon, Jeanne n'en démord pas : Reims d'abord ! Pourquoi ?
Souhaitant la paix et l’unité du royaume de France, Jeanne estime que le sacre donnera à Charles VII, en plus de sa légitimité historique, la « surnature de la constitu- tion ». « C’est l’heure de s’entendre », dira-t-elle et le point de ralliement de cette entente des « régnicoles » – des Français – est Reims et sa cathédrale. La route vers la « cité des sacres » est un vrai « chemin politique », suivant les belles métaphores de l’époque. Car, sur ce chemin de Reims, la légitimité du roi de France, reconnue et annoncé par Jeanne, éclate aux yeux de tous et d’abord aux yeux de ceux qui la lui déniait. Grâce à l’obstination de la Pucelle, le siège d’Orléans permet à Charles VII de porter secours à son peuple opprimé. La longue ...
... chevauchée qui s’ensuit voit les villes traversées s’ouvrirent les unes après les autres devant l’armée royale. L’amour du peuple de France pour son roi trouve enfin à s’exprimer.
LA CONTINUITE DU POUVOIR
L’épisode décisif se situe le 6 juillet 1429, lors du siège de Troyes par les armées royales. Troyes, ville de l’odieux traité qui bafoue le droit naturel du royaume en reconnaissant au roi d’Angleterre des droits sur la France... En entrant comme roi désigné par Dieu dans la cité, Charles VII annule les accusations portées contre lui et détruit symboliquement la légitimité en France du roi d’Angleterre. « Il remet à l’endroit la dévo- lution du royaume au lieu même où celle-ci avait été injustement inversée », dira Jean Chartier.
Et puis, il y a Reims où, selon les paroles même de Jeanne, le roi retrouve ses « chers et bons amis, les bons et loyaux Français de la cité de Reims ». Grâce à elle, nous dit Jacques Gelu, le conseiller de Charles VII, les « Picards et autres nations du royaume qui tenaient le parti des autres se prirent à délaisser les Anglais, les haïr et les despriser ».
La geste de Jeanne est celle d’une politique de la légi- timité. A travers l'humble jeune fille de Domrémy, c’est le peuple des campagnes resserré autour de son roi et qui donne à une élite divisée reniant l’ordre naturel du royaume, l’exemple de la fidélité. Face à l’anarchie des partis et aux prétentions des Plantagenêts, ce peuple exprime son adhésion à un pouvoir ancré dans sa conti- nuité historique. En restaurant la légitimité capé- tienne, Jeanne rétablit ainsi à la fois l’autorité (en
France) et la souveraineté (française), conditions nécessaires pour assurer l’avenir du royaume de France.
Mieux encore, Jeanne, qui n’est que compassion envers les pauvres, les malades et les souffrants, incarne une charité plus haute encore, une charité politique qui se traduit en acte dans le contexte dramatique de la guerre. Rejetant toute idée de créer un parti de plus, elle se met tout entière au service de celui qui est, de par le droit et l’histoire, seul légitime pour servir la France. C’est en cela que s’exprime concrètement sa charité politique : Jeanne ne se satisfait pas de dire au « gentil Dauphin » et aux gens d’armes ce qu’ils doivent faire, elle met toute son énergie au service de sa mission. Au prix du sang, de son sang, la Pucelle accomplit le message divin. C’est le mystère de la charité de Jeanne d’Arc que célèbrera Péguy. Par son action, Jeanne entend ramener la paix et l’unité au sein du royaume. L'historienne Colette Beaune lui voit une mission « d’utilité publique », considérant même « qu’à la limite, on lui attribuerait volontiers la fin du régime des partis » ! Entraînée par son exemple, la royauté va parvenir à se dégager de l’étreinte des pouvoirs féodaux; tout en relevant l’ordre social, elle va gagner son indépendance face aux factions, face aux « partis » de l’époque.
« Chef d’œuvre d’intelligence politique », selon le mot de Maurras, la geste johannique préfigure une nouvelle forme de l’Etat. « Jeanne d’Arc, c’est une histoire qui f init bien ! » aurait pu dire Anouilh : une histoire qui inscrit la « petite fille espérance » au cœur de chaque Français... C’est dans l'esprit même de Jeanne que la France, dans les temps de divisions, a toujours su trouver des Politiques qui lui montrent la voie du redressement.
Chef de guerre et stratège
Tel Bonaparte lors de sa campagne d'Italie, c'est en quelques semaines qu’à 17 ans, et sans la moindre formation, Jeanne d’Arc révèle son sens de la campagne-éclair. En même temps, au combat, elle peut en remontrer aux hommes les plus aguerris.
PAR MATHIEU EPINAY
L’année 1429 est décisive pour un royaume envahi, déchiré en factions dont certaines ont délibérément pris le parti de l’étranger, un état en déliquescence faute de légitimité, bref un pays au bord de la disparition dans une situation qui présente des analogies certaines avec la nôtre. Mais la Providence a alors donné à la France le plus jeune et le plus brillant de ses chefs militaires, une paysanne ignorant tout du métier des armes, d’une audace absolument étonnante et d’une inspiration certainement divine. Ce qui marque cette épopée, c’est bien le génie militaire, politique et tactique de Jeanne d’Arc, véritable chef de guerre.
Génie politique d’abord : après les succès d’Orléans, Beaugency et Patay, alors que les conseillers du Dauphin veulent lancer une campagne vers Paris et la Normandie (ce qui militairement avait du sens), Jeanne le convainc d’aller à Reims. Elle savait que le peuple sui- vrait plus un roi sacré qu’un dauphin incertain. De fait, contrairement aux prédictions des Cassandre, Troyes et Reims s’inclinent devant la détermination du Dauphin.
UNE MAÎTRISE INNEE DE L’ ART MILITAIRE
« C’était une tacticienne de premier ordre. En huit jours, Jeanne avait pris trois villes et battu en rase campagne ces vieilles bandes anglaises, ces solides cavaliers, ces archers adroits, ces capitaines expérimentés qui depuis longtemps ne connaissaient plus de rivaux sur les champs de bataille. Elle avait manœuvré avec une sûreté de coup d’œil et une rapidité de mouvement qui avait déconcerté un Suffolk, un Falstaff, un Talbot », écrit l’historien Marius Sepet. Une campagne de Loire « qui n’est pas sans analogie avec cette foudroyante cam- pagne d’Italie qui fut le premier essai comme tacticien, et peut être le chef-d’œuvre du général Bonaparte », ajoute-t-il. Devant Orléans, malgré une conception tac- tique qu’elle réprouve avec de bonnes raisons, elle montre dans l’exécution une audace et une sûreté cou- ronnées de succès. « Au fait de la guerre, note le duc d’Alençon, elle était fort habile, soit à porter la lance, soit à rassembler une armée, à ordonner les batailles ou à disposer l’artillerie. Et tous s’étonnaient de lui voir déployer dans la guerre l’habileté et la prévoyance d’un
capitaine exercé par une pratique de vingt ou trente ans ; mais on l’admirait surtout dans l’emploi de l’artille- rie où elle avait une habileté consommée.»
Chef de guerre enfin, Jeanne l’était, mais de ceux, rares, qui font les redressements les plus inespérés. Il y faut une grande force morale sublimée ici par une piété exemplaire. S'imposant aux La Hire, aux Xaintrailles et aux Gilles de Rais, elle avait aussi le souci de la troupe dans ses conditions de vie comme dans la préparation minutieuse des attaques. Elle a su convertir les bandes de vieux brigands armagnacs en une troupe disciplinée et moralisée. Sa pureté exerçait un réel ascendant sur les hommes : « Dans l’armée, rapporte un écuyer, elle était toujours avec les soldats et j’ai entendu dire par plusieurs familiers de Jehanne que jamais ils n’avaient eu désir d’elle... Parfois, ils en avaient volonté charnelle, cepen- dant jamais n’osèrent s’y laisser aller... »
Compassion enfin pour ses ennemis : à Glansdale aux abois qui se défend comme un lion dans la bastille des Tourelles, devant Orléans, elle crie : « Rends-toi au roi du ciel, Glacidas, tu m’as appelée putain, mais j’ai pitié de ton âme et de celle des tiens. »
D'Orléans à Reims, l'épopée de 1429, marquera les esprits au point de bouleverser la donne : militairement, la reconquête ne sera plus, dès lors, qu'une question de temps. Des incroyables circonstances qui ont conduit à ce renversement, l'histoire n'offre pas d'autre exemple.
La mission de Jeanne d’Arc
Il n’y a rien de comparable dans l’histoire des nations à l’histoire extraordinaire de Jeanne d’Arc. Encore faudrait-il que les Français en aient conscience.
PAR HILAIRE DE CREMIERS
Née en 1412 sur les marches de Lorraine, cette fille simple et ordinaire se trouve investie dès l’âge de 13 ans d’une mission extraordinaire. Ses voix lui par- lent et la forment : saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite la préparent. Elle sait la grande pitié qu’il y a au royaume de France. Le traité de Troyes est de 1420. Il ya une réaction française diffuse, une pro- testation qu’il convient parfaitement d’appeler natio- nale même si le mot n’est pas encore usité. Le Quadrilogue invectif d’Alain Chartier, le secrétaire de Charles VII, poète de la France éternelle, est de 1422. Jean Charlier, dit Gerson, chancelier de l’Université de Paris va, quant à lui, se retirer à Lyon quand la Sorbonne a pris définitivement le parti de la trahison.
Or que disent ses Voix à Jeanne ? De délivrer le royaume de France, c’est la fin proposée ; d’aller trouver le Dauphin pour le mener sacrer à Reims, c’est le moyen. Rien n’est plus limpide. Simplement, il faut oser. Dès 1428, elle obéit à ses Voix. Elle a 16 ans. Elle affronte Robert de Baudricourt, capitaine royal de Vaucouleurs. Les altercations ont du bon. La réalité s’impose. Baudricourt est convaincu.
Elle part sans peur en toute petite compagnie. Le 6 mars 1429, elle arrive à Chinon. Elle va droit vers le Dauphin Charles qu’elle discerne et reconnaît. L’épisode est connu. Il a 26 ans, elle 17. Ce prince ordinaire, de tempérament inquiet et timide, a des entretiens parti- culiers avec cette fille, solide et ordinaire d’apparence, mais investie d’une mission extraordinaire ; elle lui dicte, de par Dieu, son devoir qui l’élèvera, lui si ordi- naire, au niveau extraordinaire de sa légitimité française et royale : il est l’héritier du vrai Sang de France qui doit répondre à sa vocation, remplir sa fonction.
Il avait tout pour dire non. Les biographes cléricaux de Jeanne ont tendance à être sévères pour Charles VII, sans doute pour mieux ménager l’honneur ecclésias- tique fortement compromis dans cette affaire. Alors, ils parlent des atermoiements du jeune prince ! Or, il est convaincu. Quel est l’homme d’État qui, dans l’histoire
du monde, l’aurait été ? Elle lui parle de mission, d’é- preuve, de signe. Elle passe un pacte entre Notre- Seigneur son Dieu et son seigneur le Dauphin. Il est un mystère de la couronne de France, dussent les clercs en enrager !
Après l’enquête de Poitiers pour satisfaire aux normes, la jeune fille est armée par le Dauphin. L’hardie Pucelle s’impose aux Dunois, aux La Hire, aux Xaintrailles. Un mois après, le 29 avril, elle entre dans Orléans. Le 8 mai Orléans est délivrée. Elle l’avait pro- phétisé : c’était le signe éclatant de la vérité de sa mis- sion. Elle a mis en échec les meilleurs stratèges anglais, les Suffolk, les Talbot, les Fastolf, les Glasdale. Suivent les victoires de Jargeau, de Beaugency, de Patay dans la fougue et la gaieté de la foi retrouvée. Les conseillers rechignent ; les militaires voudraient monter vers Paris et la Normandie. Elle indique la route de l’essentiel politique, du politique d’abord. Auxerre, Troyes, Châlons qui s’ouvrent devant la marche royale, sont les claires étapes du renouveau politique français. Plus de partis qui s’entredéchirent ! C’est la route vers le roi.
Le 16 juillet, l’arrivée à Reims est triomphale. Le 17 juillet devant Jeanne en pleurs, portant son étendard, Charles VII est sacré. Moment de pur bonheur, c’est le sommet de sa mission. L’ordre futur national est créé qui transcende les féodalités, les clans, les partis ; un mouvement historique et politique se met en branle, lent mais irréversible ; le royaume de France n’a plus qu’à retrouver sa pleine nature dans la chrétienté et son rôle dans les nouveaux équilibres du monde.
EXTRAORDINAIRE ORDINAIRE
Du coup, Charles VII, ayant atteint l’extraordinaire de sa vocation, entre, à partir de cette date, dans l’ordinaire de sa fonction : il songe à récupérer son royaume par les moyens habituels d’une politique royale ordinaire où la tractation est la condition du rassemblement.
Quant à Jeanne, son extraordinaire chevauchée peu à peu se banalise dans l’ordinaire des bivouacs, des campe-
ments, des séances d’état-major et des expéditions dont la stratégie est plus intuitive que profondément politique.
Ce renversement est d’autant plus étonnant que le sacre a produit son plein effet ; les villes se soulèvent au nom du roi de France les unes après les autres : Beauvais, Laon, Soissons, Senlis, Compiègne.
Ainsi s’explique la tentative de Jeanne sur Paris qui échoue ; elle y est blessée en septembre 1429. Puis cette attente fébrile d’une impulsion renouvelée est la raison de sa longue campagne qui la ramène vers la Loire mais qui finit sur un échec en novembre 1429 à La Charité. Elle remonte alors se jeter dans Compiègne à nouveau assiégée. C’est là que sa carrière militaire s’arrête. Elle est capturée, lors d’une sortie, probable- ment à la suite d’une trahison. C’était le 24 mai 1430, un an après Orléans.
Sa vocation prend alors une autre dimension. Ses Voix lui parlent sans doute d’acceptation, de victoire, de libération, mais d’un sens autre et qui échappe d’abord à sa jeunesse et à son innocence. Cette perspective mys- tique nouvelle, où elle avance avec son clair regard, débouchera sur le sacrifice final qui scellera à jamais l’authenticité de sa mission et garantira l’ordre poli- tique qu’elle a instauré. Dans l’apparente défaite de son bûcher, elle gagne encore, alors que les Anglais s’apprêtent après sa capture et selon les traités européens de renoncement national à faire sacrer le petit Henri VI d’Angleterre, âgé de 10 ans, roi de France à Paris. À la grande satisfaction des sages, des grands et des riches qui croient voir l’avenir quand ils sont engoncés dans un passé morbide en train de se décomposer.
LE SACRIFICE
L’itinéraire final de Jeanne est douloureux. Elle est vendue et livrée. Comme son Seigneur Jésus. Jean de Luxembourg-Ligny, gouverneur de Paris pour les Anglais, la livre à ses adversaires. Elle tentera de s’échapper. Elle sera l’occasion de marchandages. Elle est menée à Rouen pour être jugée. Le procès est voulu, organisé, monté de toutes pièces. Il commence au château de la ville le 21 février 1431 ; elle a 19 ans.
Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, chassé de sa ville et en quête d’un nouvel évêché – ah, l’ambition ! –, préside ; le vice-inquisiteur Jean Lemaistre est asses- seur ; les docteurs de l’université sont là; Jean d’Estivet est promoteur ; le traître Loyseleur, chanoine de Rouen, sera chargé de séduire la bonne foi de Jeanne. Ce tribunal ecclésiastique est composé pour obtenir la sentence recherchée, celle d’hérésie et de sorcellerie, afin de rendre ordinaire ce qui fut extraordinaire et de délégitimer l’œuvre de Jeanne qui fut œuvre de légitimité nationale et royale.
Il reste les actes de ce procès. Tels quels, même falsifiés par des greffiers aux ordres, ils portent accusation contre les auteurs de pareille forfaiture. C’est le plus beau plaidoyer en faveur de Jeanne. Comme dans le cours du procès de Jésus, tout fut inique : la procédure, les interrogatoires, les pièges, les tromperies ; en particulier celle sur l’habit d’homme. Les réponses de la Pucelle laissent pantois d’admiration. Elle lutta devant ses juges ; elle lutta dans sa prison contre ses geôliers ; elle lutta jusqu’au bout, même quand elle fut induite en erreur par cette bande d’imposteurs que Bernanos ima- ginait gras et gros, couverts des honneurs de l’Église et du monde et qui parlaient le « politically correct » de l’époque. Cette dernière ignominie leur permit de la livrer au bras séculier, à l’ennemi ! Elle fut brûlée vive le 29 mai 1431. Ce fut sa définitive victoire, annoncée par ses Voix.
Malgré ce que racontent certains clercs, Charles VII, son Roi, celui qu’elle servit jusqu’à son dernier souffle, la vengea comme il convint en ouvrant lui-même le procès de réhabilitation, le jour même où il entra dans Rouen délivrée, 19 ans plus tard, en 1449. Il fallait que la réhabilitation fût inaugurée là où la condamnation injuste avait été portée. Les hommes d’Église suivirent.
Rien n’arrêta plus le redressement français qui s’acheva en beauté à Formigny et à Castillon. « Dieu t’a rendu Guyenne et Normandie », chantait en son exil le prince poète Charles d’Orléans à sa « douce France ». En ces temps troublés ce nom d’Orléans avait symbolisé l’espoir français.
Saint Michel précurseur de sainte Jeanne d’Arc
En 1425, trois ans avant d’apparaître à Jeanne, scintillant dans l’ombre du Bois Chenu et entièrement armé, l’Archange saint Michel fait déjà parler de lui, prenant fait et cause pour le royaume de France. En effet, en 1425, les Anglais subissent une cuisante défaite devant le Mont-Saint-Michel, malgré l’aide du Père abbé félon, Robert Jolivet. élu abbé du Mont en 1410, c’est lui qui met en défense l’abbaye, et notamment ses remparts. Et quand Rouen capitule en 1419, toute la région est aux mains des Anglais, sauf le Mont. Le père Abbé demande alors à ses moines de prêter serment et de rendre hommage au roi d’Angleterre de peur que le monastère soit déclaré rebelle et ses biens saisis. Mais les moines refusent, invoquant la règle de Saint Benoit qui récuse le pouvoir arbitraire ! Groupé autour de leur prieur, Jean Gonault, ils opposent donc leur veto à Jolivet. Le Père abbé est alors obligé de quitter le Mont-Saint-Michel qui restera français pendant toute la Guerre de Cent ans, malgré l’acharnement des Anglais. C’est du Mont que, trois ans après le martyre de Jeanne - auquel participa Jolivet en tant que juge ecclésiastique -, partit la reconquête du royaume. La victoire, le 17 juin 1434, des chevaliers montois sous la bannière de l’Archange - celui-là même qui lui a donné sa mission -, redonne confiance aux armées françaises. La bataille de Formigny, non loin du Mont, apportera finalement la paix au royaume le 15 avril 1450.
Le culte de Jeanne
Pour le six-centième anniversaire de sa naissance, ni les autorités publiques ni les autorités religieuses n’ont cru devoir se mettre en frais. Jeanne n’intéresse pas le monde officiel. Il en fut de même de son temps.
Jeanne est, pourtant, l’une des femmes les plus célèbres au monde. Après Notre-Dame Marie, avec Thérèse ! Thérèse qui l’aimait ; l’une et l’autre patronnes secondaires de la France ; les deux saintes qui représentent la France dans l’univers. Les Français, devenus impies, ne savent pas à quel point !
Jamais, Jeanne n’a quitté la mémoire des Français. Le XIXe siècle, dans ce qu’il a eu de meilleur, s’est tourné vers elle. Son procès a été édité par Quicherat entre 1841 et 1849. Son dossier de béatification a été préparé avec soin par Mgr Dupanloup, puis par Mgr Touchet, évêques d’Orléans. Après la défaite de 1870, elle fut le symbole du sursaut patriotique. Elle fut béatifiée par Pie X en 1909 ; canonisée en 1920 par Benoît XV, cependant que Maurice Barrès, le 10 juillet de cette même année, faisait instituer par une loi la fête nationale de Jeanne d’Arc, célébrée le deuxième dimanche du mois de mai. Fête nationale bien oubliée de nos hommes politiques. L’héroïne, la « patriote » qui
boute l’Anglais hors de France, est un modèle qui n’a cessé de susci- ter des discours. La jeune fille qui incarne la foi, l’espérance et la charité jusqu’au martyre a inspiré les meilleurs de nos artistes, de nos poètes, de nos écrivains du XXe siècle. Quel Français bien né n’a pas vibré aux plus belles pages de Péguy, de Brasillach et d’Anouilh ?
Pourtant, a-t-elle jamais été vraiment célébrée pour ce qu’elle a fait, pour sa mission particulière en ce qu’elle a eu de singulier, de pro- prement personnel ? Au fond, pour ce qui la définit, elle, Jeanne ? Ce pour quoi elle est née, ce pour quoi elle fut envoyée, ce pour quoi elle est venue, elle s’est battue et fut brûlée ? Si ! Incontestablement, le sens de sa mission, de son message essentiel fut proclamé par l’Action française, par Charles Maurras qui a écrit sur elle des pages définitives, et par les étudiants et les camelots du Roi qui, avant et après la Grande Guerre, ont imposé son culte national. La leçon de Jeanne brillait alors dans l’esprit d’une jeunesse enthousiaste d’un éclat magnifique. L’Action française étant tombée – à tort – en disgrâce politique et religieuse, l’image et le message de Jeanne en furent amoindris d’autant. Vérité difficile à dire de nos jours, mais qu’il faut dire. Motif à d’autres procès en
réhabilitation ! H.deC.
La parole à... HENRY BONNIER
Antigone, Blandine et Jeanne d’Arc
Ma mère était une forte femme. Je crois l’avoir montré dans mes romans, notamment dans Madame. Bien qu’elle eût en horreur la morale, surtout en ces années où dominait l’état Français, tout lui était occasion à enseignement.
En réponse à la guerre, à l’Occupation, elle n’arrêtait pas de me dire que la femme et l’amour prévaudraient. J’avais dix ans. Comme je n’entendais pas bien ce discours véhément et tout de passion (car ma mère mettait de la passion jusque dans les choses de la politique), elle m’invita à délaisser les héros guerriers que l’on proposait alors à mon admiration et à me tourner vers les héroïnes. Aussitôt, elle m’en nomma trois : Antigone, en premier, parce que, en s’étant élevée contre les arrêts de Créon, elle avait déféré aux « lois non écrites » des dieux ; Blandine de Lyon, en second, parce que, toute servante qu’elle était, elle eut assez de force pour entraîner ses maîtres à sa suite et connaître ainsi un martyre exemplaire ; Jeanne d’Arc, enfin, parce que, toute amour, elle n’écouta que ses voix intérieures et sauva le royaume de France.
Les années ont passé, et non ces trois figures. Je pense souvent à elles. Par elles, je sais que la virilité est un mot au féminin. Ah ! Comme Aragon eut raison d’écrire que « la femme est l’avenir de l’homme » !
Jeanne et les juges
Peu de personnages historiques, peu de saints canonisés auront connu autant de juges que cette jeune fille qu’ils firent périr dans le feu à dix-neuf ans. Quatre procès !
PAR JACQUES TREMOLET DE VILLERS
Procès de Poitiers, pour savoir si elle était vierge, saine de corps et d’esprit, catholique et de droite doctrine. Les juges étaient de vrais juges. Ils ont répondu « oui » à toutes ces questions. Ce dossier a été perdu. Peut-être un jour un chercheur heureux trouvera ce que Robert Brasillach appelait « les Enfances de Jeanne » ... L’histoire de l’histoire n’est pas finie. Mais nous savons que les interrogatoires furent complets puisqu’à son second procès, le procès de Rouen, Jeanne renvoie sou- vent ses juges aux interrogatoires de Poitiers.
« - Ailleurs j’ai répondu à cela. (interrogatoire du 24 février) - Cela est mis au registre de Poitiers (mardi 27 février).
« Je voudrais bien que vous, qui m’interrogez, vous eussiez copie de ce livre qui est à Poitiers, pourvu qu’il plaise à Dieu » (même jour).
Procès de Rouen, qui est le grand procès, totalement inique mais que, par grâce particulière, les juges nous ont conservé, afin que la postérité puisse, jusque dans les siècles des siècles, juger ces juges, et que nous voyions, de nos yeux, Jeanne telle qu’elle fut.
Le procès d’annulation du procès de Rouen, précieux aussi en ce qu’il conforte, complète, amende ou éclaire certains passages du procès de Rouen, mais, comme tous les « procès du procès », en l’absence de celle qui en fait tout l’intérêt, il sent un peu la lettre morte.
Le procès de canonisation, enfin, plus convenu, mais qui ne peut exister sans les deux précédents.
Ainsi Jeanne fut quatre fois jugée, deux fois en sa présence, deux fois hors sa présence. Reconnue saine, condamnée comme hérétique, réhabilitée, déclarée enfin sainte et modèle.
Ces quatre procès ont été conduits, exclusivement, par des hommes d’église. Jeanne, la jeune fille, laïque, a été la plus choisie des proies judiciaires des hommes d’église.
Les juridictions ecclésiastiques, surtout du temps de Jeanne, sont des modèles. Elles ont inventé la procé- dure pénale, la technique des interrogatoires, l’usage codifié de la torture, l’investigation dans les moindres recoins de l’âme, la transcription des débats et leur conservation.
Surtout les tribunaux d’inquisition pratiquent beaucoup la recherche de l’aveu et la participation de l’accusé à sa propre condamnation, en forme de rédemption. Les procès des pays totalitaires pousseront jusqu’à l’extrême cette technique qui est de tous les temps, mais dont on peut dire qu’elle pro- gresse sans arrêt dans le raffinement des procédés. « Le droit, disait Giraudoux, est la plus puissante école de l’imagination ». On peut le dire aussi de la procédure pénale.
Jeanne, quand elle comparaît à Rouen, prisonnière de guerre, vendue par celui qui l’a capturée, est déte- nue, entravée jour et nuit, et il lui arrive quand elle entre dans la salle d’audience, d’être à jeun - « Je n’ai ni mangé, ni bu » -, depuis la veille. Face à elle, quarante quatre juges, le gratin de la Sorbonne et un grand juge de l’Inquisition, qui a hésité, puis s’est laissé convaincre – c’est quand même une belle affaire... le plus beau procès du temps !
LE PROCES DE ROUEN, C'EST LE PROCES DES VOIX
Jeanne n’a pas d’avocat. Elle est seule... pas tout à fait, car elle a ses Voix... elle a son conseil, et ce conseil qu’elle commença à avoir, à l’âge de treize ans environ, l’accompagnera jusqu’au bout.
Quand on dit, ou écrit, que Jeanne a accompli des exploits merveilleux – ou, comme ce pauvre Anatole France qui fut, ailleurs, mieux inspiré, que ce qu’elle fit, n’importe quel autre homme de guerre aurait pu le
faire et qu’elle ne fut servie que de son inexplicable charisme – et qu’on ajoute qu’il faut mettre de côté la question insoluble de ce qu’elle appelait « ses voix », on méconnaît de façon absolue, une réalité historique majeure qui est le procès de Rouen.
Ce procès est le procès des Voix plus encore que le procès de Jeanne. C’est une instruction judiciaire, une investigation de l’Inquisition avec tous les moyens dont elle dispose, y compris la torture, pour savoir ce qu’étaient « ces voix ». Et donc, comme finalement le veut l’ordre des choses, ce procès d’Eglise est le procès fait par des hommes d’Eglise au surnaturel. Précision, c’est le procès fait par des hommes d’Eglise à une réalité surnaturelle vécue par une laïque, une jeune fille et une jeune fille devenue chef de guerre et homme politique.
Jeanne le comprend tout de suite. Et comme ses Voix ne sont pas une invention, une hallucination, un délire mystique, ni même un « cœur à cœur » avec Jésus, mais des instructions politiques et militaires très précises et très convoitées, elle en protège le secret, comme un vrai soldat qui, prisonnier, refuse de parler à l’ennemi.
Ainsi commence, le 21 février 1431, la première séance. Lorsque l’accusée fut entrée dans la Chapelle royale du château de Rouen, assisté de quarante trois assesseurs, l’évêque Cauchon exposa comment elle avait été prise sur le territoire du diocèse et comment de nombreux actes, accomplis par elle, blessaient la foi orthodoxe. Selon la règle, il commença à l’exhorter à dire la vérité.
Jeanne : - Je ne sais sur quoi vous me voulez interroger. Par aventure, me pourriez-vous demander telles choses que je ne vous dirais point.
C’est une position qu’elle tiendra jusqu’au bout et qui démontre, chez elle, une vraie connaissance de cet art de la guerre qu’est un procès. La guerre continuée par d’autres moyens. Jeanne sait qu’elle est en guerre et elle se conduit, dans son procès, comme elle se conduit dans les batailles, en attaquant. Elle ne se laisse pas imposer un terrain qu’elle n’accepte pas. Elle fixe son terrain, à elle. Elle s’y
tient. En matière judiciaire, les professionnels le savent, tout se joue dès le début, sur la conduite du procès.
UNE ETONNANTE MAITRISE
Jeanne n’est pas une professionnelle de la barre. Nombreux sont les grands politiques, grands chefs de guerre, généraux, maréchaux, rois, princes et empereurs qui ont comparu en justice, après leur capture ou la défaite de leur camp, ou une révolution et n’ont pas su comment se comporter. Le terrain judiciaire est une autre arène, dans laquelle les meilleurs, les plus braves, les plus brillants, les innocents sont perdus. Jeanne fait preuve, dès l’ouverture, d’une étonnante maîtrise.
L’évêque - Vous jurez de dire vérité sur ce qui vous sera demandé concernant la matière de foi et que vous savez. (Banalité voire routine de procédure, mais qui peut entraîner très loin).
Jeanne - De mon père, de ma mère et des choses que j’ai faites depuis que j’ai pris le chemin de France, volontiers je jurerai. Mais des révélations à moi faites de par Dieu, je ne les ai dites ni révélées à personne, sinon au seul Charles, mon Roi. Et je ne les révélerai, même si on devait me couper la tête. Car j’ai eu cet ordre par vision, j’entends par mon conseil secret, de ne rien révéler à personne. Et, avant huit jours, je saurais bien si je dois le révéler.
L’enjeu du procès est lié dès ce premier échange. Derrière le procès ecclésiastique, les juges à la solde du « roi de France et d’Angleterre » veulent savoir le secret de Jeanne qui a permis la victoire de Charles. Et Jeanne ne dira rien. Elle les promènera. Elle révèlera beaucoup de faits de son aventure et, ainsi, par le procès, nous connaîtrons la véritable histoire de Jeanne, racontée en direct, par elle... Mais du secret du Roi et du secret de Dieu, elle ne dira rien. Les juges renoncèrent même à la torture qu’ils avaient envisagée, considérant que, devant une telle obstination, ils ne pouvaient rien.
Et donc, nous, non plus, ne saurons pas le dernier mot de cette histoire entre le Ciel et la France, Dieu et le Roi, dont Jeanne a été la médiatrice et dont elle a gardé le secret. Vrai secret défense, comme aucun officier des services spéciaux n’en a connu... et dont Jeanne, en vrai chef de guerre, n’a pas dit mot.
Mais, pour le reste, ces juges, on le sait, nous ont donné, malgré eux, le plus beau texte de notre poésie nationale. Ecoutons Robert Brasillach :
« le plus émouvant et le plus pur chef d’œuvre de la langue française n’a pas été écrit par un homme de lettres. Il est né de la collaboration abominable et douloureuse d’une jeune f ille de dix-neuf ans, visitée par les anges, et de quelques prêtres mués, pour l’occasion, entortionnaires. Des notaires peureux ont écrit sous la dictée, et c’est ainsi qu’a pu nous parvenir le prodigieux dialogue entre la sainteté, la cruauté et la lâcheté, qui réalise et incarne enf in, en les laissant loin derrière lui, tous les dialogues imaginaires qu’avait produit le génie allégorique du moyen-âge ».
... Le lecteur se rapportera à ce procès de Jeanne d’Arc dont Robert Brasillach a établi le texte et que les Editions de Paris ont réédité. Citons tout de même encore la réplique que tout Français devrait connaître par cœur. C’était le 22 février 1431, dans la salle du parlement, à la deuxième audience du procès. Après avoir été interrogée sur son enfance et sur sa foi, choses sur lesquelles elle accepte de répondre :
L’Evêque - Qui vous a appris votre croyance ?
Jeanne - J’ai appris de ma mère, Pater noster, Ave maria, Credo. Je n’ai pas appris d’autre personne ma croyance, sinon de ma mère (21 février 1431 première audience)
Jean Beaupère (l’inquisiteur) : - Dans votre jeunesse avez-vous appris quelque métier ? (Ce qui entre parenthèse, prouve qu’en 1430, une jeune fille apprenait un métier.)
Jeanne - Oui, à coudre panneaux de lin et à f iler, et je ne crains femme de Rouen pour f iler et coudre.
L’inquisiteur en vient à ce qui les intéresse (et nous aussi).
Jean Beaupère : - Quand avez-vous commencé à ouïr ce que vous nommez vos voix ? (C’est dit exactement, comme les sceptiques professionnels : « ce que vous nommez vos voix »
Jeanne (et c’est à lire à genoux) : - Quand j’eus l’âge de treize ans, j’eus une voix de Dieu pour m’aider à me gouverner. (Et non « pour me gouverner ». Jeanne n’est pas un jouet que le Ciel manipule. La courtoisie disait saint Guy, est un don qui révèle la Divinité. Le respect de la liberté va avec... C’est « pour m’aider à me gouverner »). Et la première fois, j’eus grand peur (Donc ce n’est pas une suggestion qui vient de son subconscient. C’est bien une voix extérieure). Et vint cette voix environ l’heure de midi, au temps de l’été, dans le jardin de mon père.
Il y a encore beaucoup de choses dans ce procès. Chaque audience mérite d’être vénérée comme une relique. Mais restons sur cette phrase qui dit tout de la lumière de Jeanne, sainteté de plein été, du soleil de midi et du jardin de son père.
Vraie Jeanne, fausse Jeanne ?
Les théories sur Jeanne d’Arc foisonnent. Princesse cachée, survivante du bûcher, personnage manipulé...
Les thèses du complot connaissent un certain succès.
Rencontre avec Olivier Bouzy, historien médiéviste et directeur adjoint du Centre Jeanne d’Arc à Orléans.
Vous avez publié fin 2008 un livre (Jeanne d’Arc, l’histoire à l’endroit !, éd. CLD) reprenant point par point les différentes thèses qui pullulent sur Jeanne d’Arc en extrayant les manquements ou les erreurs de leurs auteurs. Peu après, la spécialiste Colette Beaune a aussi écrit un ouvrage sur la question. Quelles en sont les raisons ?
En 2008 sortit un documentaire sur Arte, intitulé Vraie Jeanne, fausse Jeanne. Son réalisateur était venu au Centre pour nous interroger. Or, tout le film est guidé par la thèse de la manipulation et de la survivance de Jeanne, et l’auteur nous avait utilisés pour justifier les affirmations contenues dans le film. Son seul intérêt était de recueillir des informations pour prouver ses apriori. Plusieurs historiens apparaissent dans ce documentaire, et à l’aide de montages le réalisateur nous oriente vers des thèses que nous n’avons jamais pensées ni écrites.
On recense des dizaines de livres abordant des hypo- thèses diverses sur l’épopée johannique, et de nom- breux articles de presse s’en font l’écho. Quand ce phénomène a-t-il débuté ?
Cela a commencé au xIxe siècle et on peut en retracer la genèse. Dans cette période de rapide transforma- tion des structures sociales, les théories sur l’origine royale de Jeanne sont plutôt d’origine monarchiste, et celles concernant la survivance proviennent d’un sentiment anticlérical ou rationaliste, à partir de l’an- nonce du projet de canonisation. Aujourd’hui, c’est la thèse du complot qui attire : Jeanne d’Arc n’aurait été que l’instrument d’une opération montée de toutes pièces par le pouvoir, elle aurait survécu en secret... Je pense qu’il y a dans le succès actuel de ces théories un certain désir de merveilleux.
Néanmoins, après le bûcher de Rouen, des femmes se sont bien fait passer pour Jeanne, et il existe encore des zones d’ombre...
Il est normal qu’il y ait des zones d’ombre, tout cela s’est déroulé il y a six siècles ! Mais l’histoire de Jeanne est très documentée : nous avons les minutes du procès de condamnation, puis celles du procès en réhabilitation, des courriers entre ambassadeurs, des écrits de témoins, des références comptables... Il y a eu des prophétesses avant et après Jeanne d’Arc, mais cela ne justifie pas les théories farfelues.
Le problème, avec les auteurs « survivo- bâtardisants », c’est qu’ils n’ont pas une démarche historique. Ils ne savent pas lire les textes d’époque, et le contexte ne les intéresse pas du tout. Quand l’historien reconstitue un puzzle à partir des témoins, du contexte et des éléments nouveaux qui lui parviennent, le journaliste soidisant spécialiste de l’épopée johannique réinterprète à sa sauce, prenant des morceaux de témoignages, passant à l’as ce qui dessert sa théorie, mélangeant le tout à un manus- crit écrit deux siècles plus tard... Voire il invente purement et simplement des déclarations qui n’existent pas. Ce sont alors des faux grossiers.
PROPOS RECUEILLIS PAR LUDOVIC GREILING
Le premier livre lançant l’idée d’un complot dans l’épopée johannique est sans doute celui d’Ernest Lesigne, Vie de Jehanne d’Arc, écrit en 1889. Ont suivi une vingtaine d’auteurs différents, dont les plus connus sont Pierre de Sermoise (Les missions de secrètes de Jehanne la Pucelle – 1970) et Etienne Weill-Raynal (« Le double secret de Jehanne la Pucelle » – 1972). Dernier ouvrage en date, « L’affaire Jeanne d’Arc » de Marcel Gay et Roger Senzic a connu un succès suffisant pour être édité en Livre de poche. Les thèses qui y sont développées sont largement reprises par le documentaire de Martin Messonnier « Vraie Jeanne, fausse Jeanne », diffusé sur Arte un an plus tard, ainsi que par certains sites internet.
Itinéraires
(7) COMPIEGNE- mai 1430:Jeanne part au secours de l'Oise. Touchée par une flèche dans une escarmouche près de Compiègne, elle ne parvient pas à rentrer entre les murs de la ville. Elle est faite prisonnière par le duc de Luxembourg, pensionné du roi d'Angleterre.
(6) PARIS - 8 septembre 1429: Echec de l'assaut sur Paris, Porte Saint-Honoré. Malgré l'insistance de la Pucelle, l'armée royale se disperse. C'est le premier coup d'arrêt pour le parti Armagnac depuis l'apparition de Jeanne d'Arc sur la scène politique.
(5) REIMS-17 juillet 1429: Sacre de Charles VII à Reims, Fragilisé par des rumeurs de bâtardise, déshérité par son père lors du traité de Troyes, l'ancien dauphin redore la légitimité capétienne sur le royaume de France.
(2) VAUCOULEURS: Ville restée fidèle à Charles VII, son gouverneur n'est autre que Robert de Baudricourt. En 1429, La Pucelle d'Orléans vient lui demander une escort pour se rendre à Chinon rencontrer le roi. Elle devra s'employer pour le convaincre de lui accorder cette faveur.
(3) CHINON-fin fevrier 1429: Après une chevauchée périlleuse de dix jours, Jeanne est reçue à la cour royale, à Chinon. Elle annonce au dauphin Charles la levée prochaine du siège d'Orléans et le sacre à Reims. Elle veut l'unification de la chrétienté.
(1) DOMREMY-Janvier 1412: Naissance de Jeanne d'Arc à Domremy, petit village apparenté aux Armgnacs, situé au croisement du duché de Lorraine et de fiefs bourguignons. Premièrs manifestations des voix vers 1425, départ " pour la France" quatre ans plus tard.
(8)ROUEN-décembre 1430 à mai 1431: Livrée aux Anglais, Jeanne d'Arc est transférée à Rouen où elle sera jugée pour hérésie par l'évêché de Beauvais. Condamnée le 29 mai, elle est brûlée vive le lendemain sur la place du Vieux-Marché.